Rapport pour une académie / Il n'y a pas de Ajar

Pourquoi avoir choisi de programmer en diptyque Rapport pour une académie et Il n’y a pas de Ajar. Pour en expliquer la raison, il faudrait parler, dans le détail, de la question de l’identité chez Kafka et faire le pont avec Delphine Horvilleur qui a écrit un monologue contre l’identité. Ces deux récits font valser nos croyances et viennent taquiner la question urgente et irrésolue de nos identités, justement. Un acteur – Manuel Le Lièvre – une actrice – Johanna Nizard –, tous deux au sommet de leur art, viendront tour à tour nous enchanter de leurs mutations.

19h30 Rapport pour une académie
De Franz Kafka, mise en scène de Georges Lavaudant

Conçue en moins de quinze années, entre 1910 et sa mort précoce en 1924, l’œuvre de Franz Kafka culmine avec deux romans, Le Procès et Le Château, ayant même donné naissance au qualificatif “kafkaïen”. Mais elle recèle aussi un trésor de nombreux courts récits aux titres insolites qui piquent la curiosité et activent l’imagination, tels Un artiste de la faim, À cheval sur le seau à charbon ou Le Peuple des souris…
Tout un bestiaire habite les narrations de Franz Kafka. Non seulement des souris, des chiens, des chacals, des chevaux, mais aussi un chat-mouton, une taupe géante, un vautour, une panthère… Le plus célèbre, le plus emblématique, le plus inoubliable étant, bien sûr, “l’insecte géant” de La Métamorphose.
C’est une métamorphose inverse, de l’animal vers l’humain, que raconte Kafka dans son Rapport pour une académie. Un chimpanzé, blessé et estropié dans la savane de la côte de l’Or par les chasseurs du cirque Hagenbeck, puis encagé pour la traversée vers l’Europe, comprend vite que l’évasion le conduirait à une nouvelle captivité ou pire, à la mort. Renonçant à l’idée d’une liberté absolue, il imagine une issue plus subtile, plus laborieuse et plus exigeante : singer l’homme.
Interprète du chimpanzé Peter le Rouge devant une assemblée d’éminents académiciens l’ayant convié à présenter une communication, Manuel Le Lièvre, comédien virtuose guidé par Georges Lavaudant, nous entraîne avec les mots de Franz Kafka jusqu’aux frontières de la condition simiesque et de l’humaine condition.

Pause avec possibilité de restauration sur place

21h30 Il n'y a pas de Ajae, monologue contre l'identité
De Delphine Horvilleur
Mise en scène de Johanne Nizard et Arnaud Aldigé

Dynamiter les apparences, catapulter nos obsessions identitaires pour les voir se répandre en éclats et former de nouvelles constellations dans des ciels sans nuages. Pour Romain Gary, écrire est vite devenu une médecine de survie. Il disait qu’il avait créé Émile Ajar pour se libérer, parce qu’on lui avait fabriqué une tête, un personnage, pour échapper à cette façade qu’on lui avait imposée. Et voici que Delphine Horvilleur fait naître Abraham Ajar qui se déclare être fils d’Émile Ajar, fils d’un père fictif, enfant d’un livre. Il interpelle le monde du fond de sa cave, ce “trou juif” comme il le nomme.

Celui de madame Rosa dans La Vie devant soi. Il se métamorphose, questionne le monde contemporain et, avec humour, nous invite à rire du dogme, de nos identités et de nos certitudes. Espace de jeu délimité. Ring de lumière. Des sons. Absence de vidéo. Transformation à vue. Apparence de rien. Sur scène, l’actrice Johanna Nizard impose avec une élégance folle et une drôlerie déconcertante ses mutations et ses chimères.

Déroulé de la soirée
19h30: Rapport pour une académie - Salle Terzieff
20h50 : Pause avec possibilité de restauration sur place
21h30 : Il n’y a pas de Ajar - Salle Lerrant

Du mardi 11 au jeudi 13 juillet 2023 à 19h30.

Plein tarif : 27 €, Tarif réduit : 14 € (Jeune (moins de 28 ans), Solidarité (demandeurs d'emploi et bénéficiaires de minima sociaux sur présentation de justificatif de moins de 3 mois lors de l'achat) & Handicap).


Avec le P4SS (4 spectacles et plus) : 20 €.